Christophe BLAZQUEZ a proposé sur Facebook de commenter un article de la tribune.fr
Je me suis pris au jeu et ma réponse étant un peu « longue », je vous la propose ci dessous:
C’est assez amusant cette diabolisation de la messagerie. N’y a-t-il pas là un certain snobisme un rien hypocrite ? Comment croire qu’un réseau social puisse se substituer à la messagerie électronique? Ne cherche t on pas ainsi à donner un peu de sérieux à Facebook?
Effectivement, la messagerie utilise encore aujourd’hui de vieux protocoles peu fiables et mal sécurisés, pourtant seuls quelques experts techniques remettent cela en cause … La lecture de l’article que tu cites me semble mettre l’accent sur d’autres choses et notamment la vieille rengaine du « trop d’info tue l’info »
Je fais partie, depuis longtemps déjà, de ces gens qui traitent plusieurs dizaines de mails par jour (et qui en rédige au moins autant). Pourquoi ?
Principalement, parce que dans le monde professionnel, on me demande de tracer mes échanges, d’avoir des écrits pour justifier chaque action et surtout de se protéger (on en arrive à conserver les échanges par la messagerie instantanée de l’entreprise).
Le besoin de la « trace écrite » reste plus que jamais impérieux. N’en déplaise à M Desportes, c’est le cas chez ATOS comme ailleurs.
Le problème pour traiter un pareil volume de données est toujours le même finalement: il faut un peu d’organisation (ce qui peut raisonnablement être demandé à un cadre) et de toute façon de la formation.
Selon moi, le défaut de la messagerie en entreprise comme ailleurs est là : la majorité des gens ne sont pas suffisamment formés et informés sur les technologies. Je ne parle pas de connaître l’utilisation d’un client de messagerie mais bien du minimum de règles de bonnes pratiques nécessaires :Est-il vraiment utile d’envoyer un mail à tous les collaborateurs d’une multinationale pour annoncer une vente flash de confitures dans le hall du siège d’une filiale dans 10 minutes ?
Il faut être clair : si 90 % des mails sont des spams c’est, selon moi, parce qu’une majorité des utilisateurs le permettent et l’entretiennent avec désinvolture.
Parmi les lecteurs de mes quelques lignes, à ton avis, combien vérifie le bon fonctionnement de leur antivirus, ou savent quel est le délai maximum de remise d’un mail ?
Sans vouloir exhumer la NETIQUETTE, on y trouvait pourtant les bases pour échanger avec courtoisie, efficacité et pérennité.
Personnellement, j’utilise quotidiennement 8 boites mails pour un volume total moyen d’environ 80 mails /jour, et je reçois rarement plus de 3 spams par jour. Cela me laisse croire que ce n’est donc pas une fatalité…
Face à cela que penser des sites communautaires et autres solutions collaboratives ? Est-ce la panacée?
J’ai toujours regardé avec beaucoup d’intérêt ce type de solutions. Effectivement les plateformes SharePoint, Alfresco ou encore Exchange se démocratisent. Pourtant j’ai le sentiment qu’il est difficile de mesurer l’impact sur le volume de mails échangés: le plus souvent quand on « publie » un élément pour la « communauté », les autres » collaborateurs » en sont informés par… mail (peu utilisent les flux RSS).
De la même manière les réseaux sociaux sont-ils vraiment une bonne alternative, beaucoup reçoivent toujours des notifications par mail?
Cela ne pourrait être vrai que pour les informations sans réel criticité et donc principalement extra professionnel.
Croyez moi: je suis bien le premier à militer pour le déploiement de ce type d’outils en entreprise mais pas pour limiter le nombre de mails. Au fond que vous délivriez l’info par mail ou dans un site, ce ne change pas grand chose. La valeur ajoutée doit être ailleurs.
Une autre question se pose quant à la maîtrisé des données ? Le réseau social doit il est public comme Facebook, mutualisé comme Ning ou interne et dédié (Elgg, Agora, WP-MU,…)? Ce sont des choix stratégiques devant prendre en compte des contraintes fortes comme la politique de sécurité de l’entreprise et son plan de conservation des données. Les ressources allouées à cette solution auront aussi rapidement un coût supplémentaire à celui, incontournable, de la messagerie.
Ici aussi, la question de la formation des utilisateurs reste entière.
Finalement, j’ai le sentiment que l’article à oublier souligner un problème majeur et qui pourtant, rend de plus en plus « coûteux » de l’explosion du nombre de mails: le stockage.
Toujours pour conserver des traces, certains gardent religieusement plusieurs Giga octets de mails. Rien qu’en espace disque sur les serveurs ou/et les sauvegardes des entreprises, cela impose rapidement des coûts matériels et de maintenance prohibitifs.
En conclusion, il faut vraiment être « fan » pour espérer que Facebook peut remplacer la messagerie électronique. 😉